
BERTRAND GUAY / AFP
Alors que la rédaction du « JDD », toujours en grève, appelle le gouvernement à se « saisir au plus vite » de la question de l’indépendance de la presse, la Première ministre Élisabeth Borne justifie la non-intervention de l’État.
MÉDIAS – Ce mercredi 12 juillet marque le vingtième jour de grève pour la rédaction du Journal du dimanche (JDD), qui proteste contre la nomination à sa tête de Geoffroy Lejeune, ex-directeur de la rédaction de Valeurs actuelles et soutien du candidat d’extrême droite Éric Zemmour à la présidentielle de 2022. Une situation que le gouvernement regarde de loin, avec prudence.
C’est du moins ce que traduit la réponse donnée par Élisabeth Borne lors d’une réunion avec les syndicats ce même jour. Interrogée sur la position du gouvernement sur cette affaire, la Première ministre a assuré qu’il s’agissait d’un « sujet qui est délicat », avant de rappeler qu’« il n’appartient pas au gouvernement d’interférer dans la gestion des médias, quels qu’ils soient ».

Une affirmation qui a de quoi accroître l’inquiétude des salariés en grève. La rédaction du journal a en effet appelé samedi Emmanuel Macron à se « saisir au plus vite » des questions d’indépendance de la presse, dans une lettre publiée par Ouest-France. En épinglant à cette occasion « la discrétion » de l’exécutif qui « semble ainsi avaliser ce nouveau coup porté à l’indépendance des médias ».
Élisabeth Borne a indiqué ce mercredi qu’elle attendrait, pour se prononcer, « les conclusions » d’une mission parlementaire d’évaluation de la loi Bloche de 2016 qui vise à renforcer l’indépendance des médias.
Prudence et avis partagés au sein du gouvernement
De son côté, le porte-parole du gouvernement Olivier Véran admet qu’à ce stade, la seule question qui se pose est de savoir si Vincent Bolloré prend « acte de la volonté ou non des salariés » du JDD. Le groupe Lagardère, qui détient le JDD, doit en effet passer sous contrôle de Vivendi, le groupe du milliardaire Vincent Bolloré. Les salariés dénoncent l’influence du milliardaire breton dans ce recrutement.

Le ministre de l’Éducation nationale Pap Ndiaye a lui clairement affiché dimanche son soutien à la « mobilisation des personnels du JDD » en s’en prenant à Vincent Bolloré, un « personnage manifestement très proche de l’extrême droite la plus radicale » et à sa chaîne CNews, devenue « clairement d’extrême droite », tout comme la radio Europe 1.
Des propos qui ont suscité la polémique jusque dans les rangs macronistes. « Si je pensais qu’Europe 1 était une radio d’extrême droite, je ne serais pas venu à votre antenne ce matin », s’est ainsi démarqué mardi le ministre de la Fonction publique Stanislas Guerini.
Le parti LR et des élus RN ont, eux, apporté leur soutien à CNews, quand le sénateur PS David Assouline, qui avait auditionné Vincent Bolloré et plusieurs membres de l’aile gauche de la macronie, ont salué les propos de Pap Ndiaye.

Peu de manœuvres juridiques possibles
Le sociologue Jean-Marie Charron décèle dans cette cacophonie politique « l’embarras » d’un gouvernement qui n’a « pas beaucoup de marge de manœuvre » juridique. « La loi sur la liberté de la presse de 1881 est extrêmement claire, elle dit que le propriétaire est le directeur de publication, et, en tant que tel, il a la main sur l’orientation éditoriale. Le rédacteur en chef ou le directeur de la rédaction, juridiquement ça n’existe pas », souligne-t-il.
Conçue à une époque où les journaux d’opinion étaient nombreux, elle vise à « laisser aux éditeurs la totale indépendance en matière de contenu ». Si bien que ce spécialiste des médias « ne voit pas du tout comment le politique peut interférer ».
La grève a empêché la parution de trois numéros, du jamais vu dans l’histoire du journal.
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2 Réponses à “Grève au « JDD » : cette réponse d’Élisabeth Borne ne va pas rassurer les journalistes de la rédaction”
C’est agréable de s’asseoir au travail. Se changer les idées sur ce travail ennuyeux. Détendez-vous et lisez les informations qui sont écrites ici ???? .
Je dois admettre que le webmaster a fait du bon travail.