
L’acteur mais aussi guitariste Johnny Depp ( ici avec son groupe le 22 juin 2018 au Hellfest ) revient au plus grand festival de hard rock français cette année malgré la polémique.
HELLFEST – C’est légal donc c’est faisable. Le Hellfest démarre ce jeudi 15 juin à Clisson et propose comme chaque année une programmation bien hard rock avec dans le lot, quelques artistes controversés.
L’acteur Johnny Depp, aux prises avec la justice après des accusations de violences conjugales par son ex-femme Amber Heard, est aussi membre depuis 2015 du groupe Hollywood Vampires. Déjà venus au Hellfest en 2018, ils reviennent en 2023 et se produisent ce jeudi en début de soirée après le groupe Kiss.

Car si la carrière du comédien de 60 ans a pu connaître un passage à vide, le fondateur et directeur du Hellfest, Ben Barbaud ne voyait pas de raison de ne pas l’inviter. « À partir du moment où l’artiste n’est pas interdit de se produire en France et qu’il y a une demande de notre public, on le programmera », a-t-il expliqué à 20 Minutes.
« Le Hellfest n’a jamais été un festival politisé »
Selon lui, la volonté des festivaliers prime sur l’aspect moral. Et il en va de même pour les autres artistes qui sont pointés du doigt. Tommy Lee, batteur du groupe de glam métal américain Mötley Crüe a déjà été condamnée en 1998 pour violences conjugales envers son ex-femme Pamela Anderson. Et il y a même une condamnation pour tentative d’assassinat en 2014 pour Tim Lambesis – le membre fondateur de As I Lay Dying – en 2014 sur son épouse.
« Les artistes dont vous mentionnez la présence comme problématique ont tous, par le passé, eu l’occasion de se produire au festival (…) Aucun d’entre eux n’a fait preuve de comportements agressifs ou violents lors de leur venue », justifie Ben Barbaud à Télérama.

Il s’en tient à la logique suivante : « Le Hellfest n’a jamais été un festival politisé avec un message militant. Il y a eu cette année beaucoup de bruit autour de Johnny Depp, mais il a le droit de se produire en France, son groupe a beaucoup de fans. Donc nous, on continue comme ça », insiste-t-il auprès de 20 minutes.
Une position déjà adoptée par le Hellfest dans le passé, alors que le festival n’en est pas à sa première polémique. En 2022, la venue du groupe français de punk rock Guerilla Poubelle avait aussi suscité la controverse : l’un de ses membres, le chanteur Till Lemoine, avait été accusé par trois de ses ex-compagnes de comportements problématiques (emprise, humiliation…), dans une enquête de Mediapart publiée en 2021. Des accusations que Till Lemoine avait alors méthodiquement démenties auprès de Mediapart – le chanteur évoquant par exemple des rapports sexuels uniquement « consentis » en réponse à l’une des accusatrices ayant dénoncé avoir subi un rapport anal « non désiré » à l’âge de 18 ans, selon Mediapart.
Les démentis de Till Lemoine n’avaient pas empêché certains fans d’exprimer leur « dégoût » et leur « tristesse » lorsqu’ils ont découvert que Guerilla Poubelle était à l’affiche de l’édition 2022 du Hellfest, comme on peut le lire dans cette lettre ouverte. Ben Barbaud, du Hellfest, leur avait répondu lors d’une conférence de presse : « On est au courant des accusations contre certains de membres de Guerilla Poubelle, mais ils ne sont pas dans l’interdiction de jouer en France, et ce n’est pas au Hellfest de l’interdire. Vous allez me dire que je n’ai pas une prise de position très franche, mais on a décidé de les maintenir dans le programme ».

« On ne fait pas rien »
Désormais, le créateur du Hellfest assure avoir avancé avec son équipe pour contrer les violences sexistes. « On sait que la société a changé, que les attentes ont évolué. Et même si on refuse de politiser tout ça, on ne fait pas rien. Il y a la brigade Hellwatch créée l’an dernier afin de prévenir les violences sexuelles et sexistes », détaille Ben Barbaud chez 20 Minutes en parlant de l’édition 2023. Il explique aussi que les professionnels et organisateurs du festival ont reçu une formation spécifiquement ce type de violences et comportements malvenus.
Le directeur du Hellfest veut se montrer aligner aux attentes de la société actuelle même si cela semble encore trop léger pour certains : le groupe français Birds in Row a décidé d’annuler sa venue au festival cette année.
« Avec les récentes allégations de harcèlement sexuel au sein du personnel du festival, il nous est difficile de continuer à penser franchement que le changement viendra de cette façon », pouvait-on lire dans un post Instagram publié le 9 avril. Le groupe faisait allusion à la condamnation pour harcèlement moral envers une ex-stagiaire du festival, prononcé le 16 mai dernier.