Les Français fâchés avec les déguisements de festivals?

L’été se termine et avec lui le cortège des nombreux festivals culturels. Alors que s’ouvre « Rock en Seine », nous avons souhaité ouvrir le débat sur une spécificité française (de plus ?).

Car, même si la France détient un record mondial pour son nombre de festivals (la SACEM en dénombrait 1615 en 2014), après avoir joué dans des Festivals en Angleterre (Bestival, Glastonbury, Boomtown Fair..), Etats-Unis (Electric Forest, The Bounce) ou en Belgique (Tomorrowland, Houza Palooza), nous avons été frappés par le manque de goût des français pour les déguisements farfelus qui font la magie de certains évènements outre-manche et Outre-Atlantique.

Après réflexions avec nos amis festivaliers français et étrangers, voici donc quelques raisons invoquées par les intéressés…

1. Les Festivals français sont en grande partie subventionnés et découlent souvent d’une volonté politique (Rock en Seine et le Président de la Région Ile de France, grand amateur de rock). Au contraire les festivals Anglos saxons sont des initiatives privées et ont un côté plus communautaire et collectif. On y a favorise davantage l’interactivité et le relâchement…

2. Le Français est connu par ses voisins pour son goût du sarcasme et de l’ironie. Autant il appréciera de juger le ridicule d’une tenue, autant il évitera de devenir le sujet d’observation de ses semblables. En festival, le français reste sérieux, soigne son look et évite de se donner en spectacle…

3. Une autre raison est avancée par les festivaliers étrangers. Le français de part son goût pour la mode s’autorise de nombreuses transgressions vestimentaires dans la vie de tous les jours. En revanche, les anglo-saxons sont connus pour leurs tenues strictes dans le civil (le fameux costume rayé gris de la City ou de Wall Street). Lâchés dans les festivals, ces mêmes individus s’offrent une tranche de rigolade en se déguisant en carotte ou en lapin (les deux ont la cote..).

4. La culture du déguisement obéit à des rites précis, particulièrement en Angleterre, où celui-ci occupe un rôle de transmission entre la vie d’étudiant et la vie active, le célibat et le mariage… Et qui parle de transmission suppose son lot de rites qui incluent l’usage de déguisements.

5. Les stimulants sont souvent invoqués par les Français pour parler des comportements de festivaliers étrangers, mais cet argument ne semble pas tenir auprès des intéressés et des français interrogés. D’une part, les stimulants sont également présents dans la vie nocturne et sur les festivals français, d’autre part, les personnes qui se costument ne sont systématiquement pas adeptes de substances prohibées.

6. Un dernier facteur a fait évoluer l’atmosphère des festivals anglais, belges et américains. BURNING MAN ! Cette utopie en plein désert américain a profondément marqué ceux qui l’ont vécu et qui ensuite en importent les us et coutumes dans d’autres festivals. En France les « burners » sont encore minoritaires même si des collectifs comme Otto10, Alter Paname, Camion Bazar ou Microlimat s’en réclament et essayent de résister à l’envahissement bourgeois de fêtes qui prônent davantage un déguisement de « classe » qu’ouverture d’esprit et tolérance.

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